
Vivre son territoire comme un voyageur
Et si on (re)découvrait son territoire ? Si on profitait de cette période presque irréelle (covid 19, confinement et limitation de nos déplacements) pour se recentrer ? Ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure et prendre le temps (puisqu’en ce moment du temps on en a !) de parcourir notre environnement, comme si c’était la première fois. Avec des yeux nouveaux ! Avec tous nos sens !
Cette crise mondiale nous oblige à revoir nos comportements, à repenser nos déplacements, à identifier nos « essentiels ». Ce sera aussi le cas pour nos prochaines vacances, qui cette années sont encore bien incertaines.
Est-ce pour cela qu’il faudra refuser de voyager ? A l’autre bout du monde, certainement. Mais rien ne nous empêche, si on adopte de nouvelles habitudes, de voyager en 2020. Quelques pistes pour vous aider à imaginer votre prochain voyage (en France c’est sûr, en Provence, j’espère …).
Sortir sur le pas de sa porte

J’écrivais, il y a 2 mois à peine, un article pour imaginer le tourisme de demain. Je vous donnais déjà quelques éclairages sur les nouvelles tendances du tourisme en 2020.
Cette crise mondiale que nous vivons va accentuer encore ces tendances, qui au lieu de mettre des années à s’implanter, vont certainement être des axes majeurs de développement d’un nouveau tourisme. Certains experts et spécialistes de la filière parle déjà de révolution.
En premier lieu, il y a notre rapport à l’espace. En ce moment, nous vivons concrètement la limitation de notre espace, privés de sorties et de liberté de mouvement dans notre environnement habituel. Cette restriction nous pèse, pour certains, qui vivent dans des lieux réduits. Mais n’est-ce pas aussi une chance que de regarder avec plus d’acuité ce qui nous entoure ? Lors de notre sortie quotidienne autorisée, quel n’est pas notre bonheur d’observer la Nature sous nos pieds. D’écouter les bruits (peut-être même le silence) d’habitude couverts par notre agitation. De grands photographes immortalisent d’ailleurs en ce moment des sites touristiques archi-bondés en temps « normal ». On redécouvre la beauté des lieux, vidés de nous.
Avoir la liberté de partir où l’on veut quand on veut, est-ce une raison pour négliger ce qui nous entoure ? Les paysages de notre quotidien, les chemins de randonnées autour de chez nous, les petits chemins creux de notre enfance. Vous savez quand on joue avec des cailloux, des herbes et des aiguilles de pins à faire des abris pour les fourmis.
Partir à l’autre bout du monde est une manière de rompre avec sa routine, son quotidien. Mais si on ne change pas de regard, ce voyage peut s’apparenter à une fuite, pour couper, consommer ailleurs, ramener des photos en pagaille et les étaler sur nos réseaux sociaux, pour dire « j’y étais ».
Mais, est-ce que voyager en France, c’est voyager quand même ?

La distance n’est pas tant un facteur d’évasion, si on ne s’attache pas à faire de notre voyage un moment suspendu. Un moment propice pour se retrouver avec nos proches, échanger, discuter, jouer, flâner, rêver, s’émerveiller et finalement se dépayser. Même à deux pas de chez soi.
La France est le premier pays touristique au monde. La diversité de ses paysages, de ses terroirs, de ses patrimoines (bâti, gastronomique, naturel) et de ses cultures sont bien vivants. Il y a donc tant à découvrir ici, dans ce tourisme de proximité, où toutes (ou presque) les micro-aventures sont possibles.
Alors, oui, le voyage commence en bas de chez soi. Pour rencontrer l’autre, prendre le temps de découvrir. Car voyager c’est d’abord changer son regard.

Vivre l’instant présent
En second lieu, il y a notre rapport au temps. Il ne vous a pas échappé que nous étions dans un monde de vitesse. Enfin, ça c’était avant. Car nous redécouvrons en confinement, le temps long. Qui aurait cru que l’on puisse rester deux mois privés de notre liberté de mouvement ?
Et finalement, n’était-ce pas un mal pour un bien ? Pouvoir poser sa montre, manger à 2h de l’aprem, faire la sieste avec ses enfants, préparer un gâteau ou regarder un film en famille ? C’est plutôt agréable, quand on est en bonne santé et bien protégé dans son cocon familial. Et l’on redécouvre la joie simple de jardiner, de se promener dans les champs de vignes, de regarder la Nature se réveiller au printemps et même on se laisse surprendre à écouter les bruits du silence.

Et comme nous sommes suspendus aux annonces gouvernementales, pour savoir quand et comment l’on pourra redémarrer son activité, remettre ses enfants à l’école, se faire un resto ou un ciné… et bien on apprend à attendre, à accepter que nous ne maîtrisons pas tout, que nous devons faire avec les éléments du contexte. Qu’il faut s’adapter, si on veut (sur)vivre.
Donc adaptons-nous en accueillant le jour, vous savez le fameux « Carpe Diem ». Il n’a jamais été autant d’actualité. Et c’est bien cela qu’il nous faut (ré)apprendre :
- Ne pas échafauder des hypothèses à longueur de journée,
- Faire intensément ce que nous devons faire ce jour,
- Se laisser porter et accueillir ce qui arrive,
- Demain n’existe pas encore et hier n’existe déjà plus,
- Seul le présente existe.
Quel voyage pouvons faire ? Celui de la découverte quotidienne de ce qui nous entoure. En confinement cela est assez limité, mais lorsque vous allez vous promener ou faire vos courses, soyez attentifs à la Nature, à ceux qui vous soignent, vous livrent, vous servent, produisent vos denrées alimentaires. Je crois que c’est ce que nous avons de mieux à faire en ce moment. Reconnaître l’importance de la Nature et de l’Humain. Et cette crise nous aura au moins appris à nous émerveiller et remercier à nouveaux pour ces choses simples.
Oui, le temps long crée du bonheur, celui d’être plus conscient de soi et des autres et ainsi de goûter la saveur d’être vivant. Le vrai luxe n’est-ce pas le temps et l’espace ?
Lors de vos prochaines vacances, et si vous adoptiez la « slow attitude ». Cet état d’esprit qui se détache du temps, pour laisser couler des jours heureux. Sans partir loin, vous pouvez couper avec votre monde habituel en changeant votre rythme, en sortant des villes pour la campagne environnante. Et des aventures à la campagne il y en a des tas, demandez à vos enfants !!!
Se laisser surprendre
Ne rien prévoir, sinon l’imprévisible
Ne rien attendre, sinon l’inattendu
Christian Bobin
Vous voulez des sensations ? Vous voulez vibrez ? Vous voulez vous créer des souvenirs mémorables ? Alors lâcher prise. Laissez-vous surprendre par le jour. Essayez de :
- Vivre son séjour avec ses sens et écouter ses émotions, pour se rapprocher de la Nature et faire un voyage qui transforme vraiment, même à côté de chez soi,
- Consommer, oui, mais son territoire, en découvrant son Histoire, ses paysages, son patrimoine et ses lieux secrets pour retrouver ses racines et son identité. (Et puis, les acteurs locaux en auront plus que jamais besoin pour se relever économiquement).
- Rencontrer pour partager et vivre des moments de convivialité, en partant à la rencontre des locaux et en découvrant leur savoir-faire. Pour entrer en lien avec l’Autre, tout simplement, le temps d’une activité.

Vivre ces expériences ne dépend pas de la distance ni du temps que l’on a mais bien de l’intensité que l’on y met. Pour passer du tourisme expérientiel à un voyage transformationnel, cette votre intention, qui sera essentielle. Ce sera d’abord une question de choix (de voir le monde autrement) avant d’être une course de distance et contre la montre.
Et si cet été vous visitiez votre territoire, avec l’envie de le voir autrement, et d’en revenir changé, pour ré-enchanter votre quotidien.
Je vous laisse méditer cette citation qui me semble très appropriée :
Il est grand temps de rallumer les étoiles.
Guillaume Apollinaire
J’ajouterais qu’il y a partout des étoiles mais qu’il faut prendre le temps de les regarder et de les admirer vraiment.
Alors, prêts à voyager chez vous ? Vous me suivez en Provence ? Partez avec moi à la découverte des savoir-faire et des talents de Provence.
AK.

